Souviens-toi : il y a deux ans, on nous promettait des lunes virtuelles. Le métavers allait tout changer. Tu allais visiter la Polynésie depuis ton salon, flâner dans Rome antique avec ton avatar, discuter avec des locaux numériques, et même acheter des NFT de billets d’avion. Réalité en 3D, présence augmentée, tourisme décarboné : le discours était bien rodé.
Et pourtant, en 2025, on cherche toujours le terminal d’embarquement.
De la promesse au décalage
Le métavers devait révolutionner la façon dont on voyage. Accéder à des sites inaccessibles, vivre des visites immersives, offrir un tourisme plus inclusif. Sur le papier, c’était brillant. Certains musées s’y sont essayés, des destinations ont lancé leur jumeau virtuel, et des agences ont proposé des expériences packagées.
Mais très vite, le souffle est retombé. Manque de matériels, interfaces peu ergonomiques, expériences trop lisses. Et surtout : qui a envie de « vivre » Venise en pixels quand on peut en entendre l’écho réel ? Le métavers n’a pas remplacé le voyage. Il l’a juste simulé.
L’illusion d’une alternative
Le vrai souci, ce n’est pas la techno. C’est la promesse. Vendre du voyage sans le déplacement, c’est méconnaître ce qu’on vient chercher : un choc, une friction, une perte de repères. L’IA peut tout modéliser sauf le hasard. Sauf l’odeur d’une rue, la fatigue d’un escalier, la surprise d’une rencontre.
Pour beaucoup de publics, l’intérêt du métavers reste flou. Les casques sont chers, les interfaces peu intuitives, et l’expérience manque de chair. Les usages sont restés marginaux, les retours d’investissements discutables.
Des usages réels, mais ciblés
Cela dit, tout n’est pas à jeter. Le métavers peut être un outil d’inclusion pour les publics empêchés : personnes à mobilité réduite, zones géographiquement isolées, contraintes financières. Il peut aussi servir à la formation : pour les guides, les hôteliers, les gestionnaires de destination.
Avec les IA, il devient plus intelligent : traduction instantanée, avatars réactifs, récits interactifs. Mais il doit rester un complément, pas une illusion de voyage.
Vers un tourisme hybride ?
Plutôt que de parler de métavers, parlons de couches numériques. D’AR dans les lieux physiques. De visites préparatoires immersives. D’interfaces d’accueil augmentées. Bref : de tourisme hybride, où l’IA et la VR sont au service d’une expérience réelle, pas d’une déréalisation.
Le rêve métaversien était trop total. Trop déconnecté. Trop techno-centré. Il ne s’agit pas d’éteindre le métavers, mais de le remettre à sa place : une extension, pas un substitut.