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ChatGPT devient une habitude de travail (Blog du Modérateur)
D’après l’enquête annuelle du Blog du Modérateur menée auprès de plus de 1 000 professionnels du digital, l’adoption de ChatGPT est désormais massive : 64 % l’utilisent chaque jour (contre 50 % en 2024). L’usage hebdomadaire, lui, recule (28 % contre 40 %), signe que l’outil est passé du statut d’assistant ponctuel à celui de collègue intégré. Au-delà du texte, la production d’images (70 %) et même de vidéos (via Sora) devient courante. L’IA s’intègre aussi dans les process de travail (55 % des cas), et son usage est désormais officiellement encouragé dans près d’une entreprise sur deux. Mais cette normalisation ne va pas sans inquiétudes : 90 % des répondants pointent au moins un risque, avec la confidentialité des données en tête.
Cette banalisation de ChatGPT dans les usages professionnels est à double tranchant. Le gain de productivité est réel, mais l’effet “pilote automatique” aussi. L’enjeu n’est plus l’adoption, mais la maîtrise consciente de l’outil.
🔗 https://www.blogdumoderateur.com/ia-5-changements-un-an/
ChatGPT endort-il notre cerveau ? (Clubic)
Une étude du MIT Media Lab, relayée par Clubic, a évalué l’activité cérébrale de trois groupes d’utilisateurs : ceux utilisant ChatGPT, un moteur de recherche classique, ou aucun outil. Résultat : ceux qui ont utilisé ChatGPT affichaient la plus faible activité cérébrale, mesurée via électroencéphalogrammes. Ils montraient aussi des performances linguistiques et comportementales en baisse, avec une tendance accrue à la passivité (copier-coller pur). Plus inquiétant encore, leur mémoire était impactée : ils étaient incapables de se souvenir de ce qu’ils avaient eux-mêmes écrit avec l’aide de l’IA. Les auteurs parlent d’une dépendance cognitive. L’étude alerte : si l’IA simplifie la tâche, elle pourrait à long terme éroder nos compétences fondamentales de réflexion et d’apprentissage.
L’IA nous soulage de la charge mentale. Mais si on arrête de réfléchir, qui pilote encore notre cerveau ? Cette étude sonne comme un avertissement : il est urgent de redonner de la place à l’effort intellectuel.
🔗 https://www.clubic.com/actualite-569481-c-est-desormais-officiel-chatgpt-vous-rend-bete.html
Shadow AI : l’IA clandestine en entreprise (BFM Tech)
Le phénomène du « Shadow AI » désigne l’usage non déclaré d’intelligences artificielles génératives (comme ChatGPT, Claude ou Gemini) par les salariés, souvent à l’insu des équipes informatiques. Selon un sondage de l’Apec, plus d’un tiers des employés y ont recours. Si certains le font pour améliorer leur productivité, ils mettent sans le savoir leur entreprise en danger : des données sensibles peuvent être transmises à des outils tiers sans filtre de confidentialité. L’étude montre également une méconnaissance des bons usages de l’IA en interne, due à un manque de formation et de cadre clair. Pourtant, le Shadow AI pourrait devenir une opportunité collective si bien encadré, selon une étude d’Inria et Datacraft.
L’IA génère de la valeur… mais aussi des angles morts. L’usage clandestin révèle surtout un vide : l’absence d’accompagnement clair dans les entreprises. Ce n’est pas l’outil qui est fautif, mais le défaut de culture numérique.
Bruce Lee restauré par IA, Jackie Chan animé par algos (Les Numériques)
La China Film Foundation vient de lancer un double projet inédit : restaurer numériquement 100 classiques du cinéma kung-fu grâce à l’IA, et produire un long-métrage d’animation entièrement généré par intelligence artificielle. Ce film, A Better Tomorrow: Cyber Border, est le fruit du studio Quantum Animation, qui a réduit le cycle de production de plusieurs années à quelques mois. La restauration des films vise à améliorer la qualité audio-visuelle tout en conservant l’intégrité narrative. L’initiative s’inscrit dans une volonté de préservation du patrimoine culturel… mais avec des outils radicalement nouveaux.
C’est fascinant technologiquement. Mais ça interroge : si tout est généré par IA, où est l’intention artistique ? Le cinéma devient-il un process industriel comme un autre ? Le futur sera peut-être fluide… mais désincarné.
L’IA entre dans les studios de jeux vidéo (Le Monde)
Le secteur du jeu vidéo français commence à intégrer l’intelligence artificielle dans ses processus créatifs. Dialogue, animation, synchronisation labiale : des tâches autrefois longues et coûteuses sont désormais automatisées. Par exemple, sur le remake de L’Amerzone, 140 000 lignes de dialogue ont été générées en 10 minutes. Si aucun emploi n’est encore officiellement menacé, l’écosystème est sous tension. Les studios n’osent pas mentionner l’IA dans leurs offres d’emploi, de peur de rebuter des profils créatifs. Pourtant, sur le terrain, presque tous les programmeurs s’en servent déjà, à l’image de Google pour résoudre des bugs. Le débat reste vif : est-ce un assistant ou un envahisseur ?
On ne remplace pas les talents créatifs, on les transforme… à condition d’en parler. Ce tabou autour de l’IA dans le jeu vidéo révèle un manque de transparence et de dialogue social sur sa vraie valeur.
ChatGPT, écrivain industriel ? (Les Échos)
L’IA s’invite dans le monde du livre à plusieurs niveaux : tri de manuscrits, traduction, promotion… mais aussi rédaction. Dans l’autoédition, la prolifération de contenus générés par IA est telle qu’Amazon a limité à trois livres publiés par jour et par auteur. Des robots écrivent des histoires entières, parfois indiscernables des créations humaines. Une étude citée dans Nature montre même que le public peut préférer marginalement des textes générés par IA. Pour les éditeurs, c’est un casse-tête : filtrer le vrai du faux, tout en utilisant eux-mêmes l’IA pour gagner du temps. Entre outil de productivité et menace sur la qualité, l’équilibre est délicat.
Si tout le monde peut “écrire” un livre en 10 minutes, qu’est-ce qu’un auteur ? L’IA doit rester une plume, pas un masque. Ce qui fait la littérature, c’est l’expérience humaine, pas la fluidité syntaxique.
🔗 https://www.lesechos.fr/tech-medias/intelligence-artificielle/chatgpt-prete-moi-ta-plume-2171987
En bref
L’IA générative est un formidable levier de productivité. Mais sans cadre, elle devient un miroir déformant de notre propre intelligence.
Ce n’est pas l’outil qui fait le problème.
C’est le réflexe pavlovien de tout déléguer sans réfléchir.